lundi 23 août 2010

Nox

*Ils se relevèrent tous les deux, lentement, le regard accroché l’un à l’autre. La fascination, la passion, l’immense amour qu’ils sentaient brûler dans leur cœur empêchaient leurs yeux de se détacher. La nuit tiède les enveloppait dans un manteau de soie, tissant autour d’eux une toile enchantée. Comme dans un rêve, leurs mouvement étaient ralentis, chaque seconde prenant la valeur d’une vie entière, l’air semblait comme figé. Ils contemplaient chacun leur trésor, leur ciel, la personne qui éclipsait tout le reste. Même le temps était vaincu. Par un simple regard, ils sentirent leur cœur battre d’une nouvelle ardeur, la vie se répandre dans leurs veines à une vitesse défiant celle de la lumière. Un silence sacré s’était installé entre les deux amants qui n’aspiraient qu’à effacer la distance qui les séparaient.
*Une lame vint déchirer le ruban de tendresse qui les liaient. La détresse apparut dans leurs yeux, répandant un venin destructeur dans chaque fibre de leur corps, tandis qu’ils échangeaient leur dernier regard. Leur émotion se passait de mots, ils savaient la tristesse de l’autre, ils sentaient la leur les dévorer de l’intérieur. Ses jambes prêtes à céder sous le désarroi, la déesse fut la première à briser l’enchantement, et arracha son regard de l’être pour lequel elle eut tout sacrifié. La nuit devint soudain glaciale. L’Esprit de lumière regarda lentement s’éloigner sa bien-aimée, le cœur déchiré, les entrailles vides. Aucun d’eux ne versa de larmes. Ils s’aimaient d’un amour profond, et la douleur, le manque absolu qu’ils ressentaient surpassaient les larmes.
*L’Être lumineux ferma les yeux longtemps. Il lui fallut toute sa force et son courage pour les ouvrir, se retourner puis disparaître dans le ciel. On dit que cette nuit-là, il plut beaucoup, d’une pluie fine, étincelante à la lueur de la Lune, et que c’est depuis ce temps là que l’astre nocturne porte de nombreuses meurtrissures.

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