vendredi 6 février 2009

Baiser soufflé...


Je marchais sur le trottoir,

L'esprit rêveur, le cœur léger,
Petite fille heureuse et spontanée,
Qui souhaitait devenir une star.

Je chantonnais et gambadais,
Ne pensant à rien,
Que ce ciel qui était mien,
Et mes couettes qui se balançaient.

Puis tout au bout du chemin,
J'ai vu un joli petit garçon,
Les yeux bleus, les cheveux blonds,
Et son cartable à la main.

Avec un grand éclat de rire,
J'ai traversé en courant la chaussée,
Et je lui ai donné un baiser,
Qui l'a fait rougir.

J'ai pris son beau cartable de cuir,
Et saisis la main qui le portait,
J'ai vu qu'il souriait,
Et on s'est mis à courir.

On a couru jusqu'à plus tenir debout,
Et quand on s'est arrêtés pour rire,
Ce fut mon tour de rougir,
Car il embrassait ma joue.

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mercredi 4 février 2009

Un jour mon prince viendra...


Constance regarda par la fenêtre. Toujours rien. Elle voyait l'horizon qui partageait le paysage entre ciel et terre, mais elle ne ressentait plus l'extase d'autrefois devant ce ciel limpide et cette douce lumière baignant les collines verdoyantes. La jeune fille se lassait de toute cette beauté qui n'apaisait plus son cœur. Attendre. Encore et encore. Cette image qui était fixée dans son esprit et constituait sa seule distraction dans cette tour haute et vide.
Constance soupira. Pourquoi les princesses devaient-elles toujours attendre? Une vie sans décision, sans choix, sans changement. Non, au final, ce n'est pas ça vivre. Car lorsqu'un beau prince viendra, beaucoup de choses commenceront et beaucoup d'autres seront finies. Elle n'aura plus vraiment la liberté d'elle-même et le quotidien sera moins simple.
La jeune princesse regarda un instant une hirondelle prendre son envol. Comme il devait être bon de n'avoir qu'à étendre les ailes pour rejoindre l'immensité de lumière.
De toute façon elle n'avait pas le choix, on l'avait fait à sa place. Mais attendre ne signifiait-il pas placer entièrement sa confiance dans quelqu'un d'inconnu, plutôt qu'en soi-même? Un inconnu qui avait des traits parfaits, rayonnait de toute part et résumait à lui seul toutes les vertus et les merveilles de ce monde. Un inconnu qui la délivrerait un jour, mais de quoi? En réalité c'est de soi-même qu'il faut se libérer.
Où est passée la fierté lorsque l'on passe ses journées et même ses années à regarder par la fenêtre avec espoir? Une vie qui dépend d'un fait, d'un être.
Constance se disait toujours que, plus tard, elle prendrait sa revanche sur le monde, en étant heureuse. Mais, le bonheur, n'était-ce pas elle qui allait se le construire? Contempler le paysage en attendant contredisait cette idée. Finalement, Constance misait tout sur cette fameuse personne qui viendrait un jour et lui assurerait le bonheur éternel. Elle n'aimait pas l'existence qu'elle avait eue jusqu'ici et qu'elle n'avait pas choisie, mais elle se rendait compte qu'elle espérait que quelqu'un décide son avenir à sa place. Voulait-elle alors vraiment la liberté? Ou préférait-elle la sécurité de choix qu'on aurait fait pour elle et avec lesquels elle ne prenait donc pas de risques?
Constance détacha son regard du ciel bleu et se tourna vers le milieu de la pièce: des murs épais qui isolaient du froid, un grand lit confortable, un feu dans la cheminée. Elle était à l'abri de tous les dangers dans cette tour de pierre.
La jeune princesse s'assit sur le rebord de la fenêtre et ferma les yeux. Le soleil lui réchauffait agréablement le visage et le vent soulevait légèrement ses boucles brunes. Elle aimait cet air pur et cette chaleur, elle aspirait à la liberté...
Mais tel était son rôle. Elle, elle se devait d'attendre, et son prince de la délivrer.