jeudi 29 juillet 2010

C'est horrible

Le manque.
Une des pires sensations que l’on puisse ressentir.
Un sentiment contre lequel on est impuissant et qui crée un vide complet autour de nous.
Le manque me dévore, me rend pâle et folle de douleur.
Ca me tue.
Il n’y a rien que l’on puisse faire, si ce n’est attendre.
Cette maladie se soigne trop lentement, c’est douloureux.
J’ai l’impression de n’être qu’un fantôme, je ne sais pas quoi faire pour m’occuper, tout me paraît sans goût, je n’ai pas faim, le monde est irréel, je me déplace extrêmement lentement.
Mon cœur est là-bas, je suis partie sans lui.
Je ne suis qu’une coquille vide, habitée seulement par le chagrin et le manque.
Pour moi, le temps s’est arrêté, j’ai peur qu’il ne reprenne jamais sa course.

"Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..."

Perdu dans l'océan des peurs...

Des nuages couvrirent le ciel limpide. En quelques secondes, l'étendue cotonneuse recouvrit la moindre parcelle de lumière. La mer était agitée, les vagues s'écrasaient les unes contre les autres avec violence, comme des lions se défiant, tentant de coucher l'autre à terre. Bientôt, l'obscurité du ciel vint se confondre avec les eaux tumultueuses.
On aperçut soudain une infime lueur, ballotée par les vagues, qui par moments faisait surface dans l'étendue noire. Un homme recroquevillé au fond de sa barque semblait se raccrocher à une lanterne comme si elle détenait les clés de sa survie. Grelottant de froid, trempé, malade de peur, il s'accrochait au fil fragile de la vie, priant Dieu de le laisser voir le prochain lever de soleil.
Une énorme vague surgit soudain et engloutit la barque frêle dans les profondeurs. L'homme se débattit un moment sous l'eau, luttant contre l'engourdissement et le froid. Il lui semblait qu'une créature tentait de l'emporter dans les profondeurs ténébreuses. Enfin, sa tête émergea de l'eau, tandis qu'il essayait de remplir ses poumons de vie. La barque, abîmée par endroits, flottait à quelques brasses de là. L'homme s'épuisa à rejoindre son seul espoir dans le noir presque complet de la tempête. La lanterne était tombée à l'eau, avec elle le faible réconfort de la lumière. Il se hissa sur la barque et resta immobile au milieu, attendant résolument la mort qui le prendrait avec certitude.
Alors qu'il scrutait la mer déchaînée, dans l'espoir futile et irréalisable d'un miracle qui le sauverait, il vit une étrange lueur sous l'eau. Elle semblait remonter à la surface. Déchiré entre la curiosité et la peur, l'homme ne fit aucun mouvement pour s'en éloigner.Quelques instants plus tard, la lanterne tombée dans les profondeurs émergea, une flamme brillant en son centre. Incrédule, l'homme regarda avec ébahissement une main sortir de l'eau et tenir la lanterne. Puis un bras sortit, une tête, puis le corps entier.
Un femme, la peau lisse, luisante à la lumière et ruisselante d'eau lui tendait la lanterne. Elle avait de grands yeux profonds de la couleur de l'océan avec lesquels elle regardait intensément le pauvre homme. Ses cheveux ondulaient dans un mouvement perpétuel, imitant étrangement le roulis des vagues. A l'instant même où la créature était sortie de l'eau, la tempête avait immédiatement cessé et la mer était devenue aussi lisse et calme que l'eau d'un lac. Le temps semblait en suspension, l'homme ouvrait des yeux ronds devant la beauté envoûtante de la femme. Ses pieds touchaient à peine l'eau et caressaient la surface.
La créature se pencha en avant et effleura la joue de l'homme de ses longs doigts froids. Il tomba aussitôt endormi, comme un petit garçon, recroquevillé au fond de la barque. La déesse le prit dans ses bras, déposa la lanterne à l'endroit où l'homme s'était tenu, et, le serrant contre elle, retourna s'enfoncer dans les profondeurs mystérieuses de la mer.

J'ai mal...

Seule devant la mer parcourue de frissons, la jeune fille contemple l'horizon avec nostalgie. Qu'aurait-elle donné pour remonter le temps, juste quelques heures, alors que le soleil qui tombait à présent dans l'océan était à son zénith. La contrariété, l'angoisse et la peur lui nouaient les entrailles, et le spectacle qui s'offrait à elle ne calmait en rien les battements frénétiques de son cœur. Elle s'était rendue ici dans l'espoir d'apaiser la douleur qui lui faisait monter les larmes aux yeux. Mais elles ne coulaient pas. Comme un torrent qui restait prisonnier.
La jeune fille s'approcha de l'eau et laissa un moment les vagues s'écraser contre ses pieds. Elle prit une respiration profonde en fermant les yeux, et, malgré elle, des fragments des évènements passés de l'après-midi s'imposèrent à son esprit. D'un seul coup, le manque l'assaillit tout entière, creusant dans son coeur un trou béant, insupportable. Elle eut l'impression que tous ces sentiments qu'elle endurait silencieusement s'engouffraient au même moment dans le creux de son estomac, et les larmes coulèrent enfin de ses yeux.
Avec elles, le soulagement d'exprimer la douleur, la satisfaction de vider son cœur et sa tête de toute pensée difficile. Elle pleura longtemps, ses sanglots couverts par le bruit singulier des vagues, les derniers éclats de soleil faisant briller les larmes sur ses joues.